27/03/2025 ssofidelis.substack.com  7min #273094

 Israël reprend son agression contre Gaza et rompt le cessez-le-feu

« Bombardez tout ce qui bouge »

Israël donne le ton pour le génocide des Palestiniens

Par  Vijay Prashad, le 26 mars 2025

Le 5 mars 2025, le lieutenant général Herzi Halevi a quitté son fauteuil de chef d'état-major de l'armée israélienne. Il occupait ce poste depuis le 16 janvier 2023 et a donc dirigé l'armée durant sa guerre contre les Palestiniens. Plusieurs hommages ont été rendus à Halevi à la suite de son départ de ce poste clé. Dans l'un de ces longs articles, Nahum Barnea, l'un des journalistes les plus connus d'Israël, a dressé le portrait de Halevi dans le très influent Yedioth Ahronoth. Barnea y décrit la réunion du cabinet quarante-huit heures après l'attaque du Hamas contre les postes frontaliers israéliens. Halevi y a présenté les opérations militaires qui ont eu lieu durant ces deux jours. Il a affirmé que l'armée de l'air a attaqué 1 500 cibles en très peu de temps. Halevi n'est pas un pacifiste. Il s'agissait d'une attaque violente contre une zone largement civile.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "a explosé de colère", a rapporté Barnea. Il s'est mis à crier et à taper sur la table autour de laquelle était assis son cabinet. "Pourquoi pas 5 000 ?" a hurlé Netanyahu à Halevi. "Nous n'avons pas 5 000 cibles identifiées" a répondu le militaire. "Je ne suis pas intéressé par les cibles", a déclaré Netanyahu. "Détruisez des maisons". "Bombardez tout ce qui bouge".

La déclaration de Netanyahu du 9 octobre 2023 a donné le ton de toute la guerre. Mais Netanyahu n'a pas été pas le seul à adopter cette attitude. Les Israéliens qui se présentent comme plus libéraux et moins belliqueux que lui sont tout aussi favorables au bain de sang.

En juin 2024, les membres de l'Unité nationale (Benny Gantz et Gadi Eisenkot)  ont démissionné du cabinet de Netanyahu. Ils  ont fait valoir que Netanyahu n'était pas en mesure de se concentrer sur la guerre parce qu'il avait introduit des "considérations extérieures et politiques" dans les discussions. Eisenkot, ancien chef d'état-major de l'armée qui a déclaré soutenir une solution à deux États, a néanmoins fait pression pour une action militaire plus impitoyable contre les Palestiniens à Gaza.

Il a été largement rapporté que le membre du cabinet d'extrême droite d'Otzma Yehudit, Itamar Ben-Gvir,  a démissionné en janvier 2025 en raison du cessez-le-feu. Il ne voulait pas que la guerre soit interrompue.

Ainsi, ni l'Unité nationale, plus libérale, ni l'extrême droite d'Otzma Yehudit ne souhaitent voir cesser les bombardements.

Préparatifs de rupture du cessez-le-feu

Un accord de cessez-le-feu a été négocié le 31 mai 2024, mais les Israéliens ont refusé de le signer. Ils ont toutefois accepté le cessez-le-feu le 15 janvier 2025. Il est entré en vigueur quatre jours plus tard. Durant le cessez-le-feu, les factions palestiniennes et Israël ont échangé des prisonniers politiques selon le calendrier établi lors des négociations. Le ramadan a commencé le 28 février. La première phase du cessez-le-feu devait expirer le 1er mars, mais Israël a exigé qu'elle soit prolongée afin que tous les prisonniers israéliens puissent être libérés. Le Hamas a au contraire fait valoir la deuxième phase du cessez-le-feu, qui aurait permis l'acheminement d'une aide humanitaire plus importante dans la bande de Gaza. Le 2 mars, Israël a bloqué l'entrée de l'aide humanitaire et, le 9 mars, a coupé l'électricité à Gaza. La vie à l'intérieur de l'enclave est devenue encore plus insupportable, car l'espoir d'un cessez-le-feu a été anéanti. Et les Palestiniens ont attendu que les Israéliens agissent.

La décision israélienne concerne-t-elle vraiment les prisonniers politiques que le Hamas n'a pas encore libérés ? Le 14 mars, le Hamas a accepté de libérer Edan Alexander (qui possède la double nationalité israélo-américaine) et les corps des personnes possédant la double nationalité. Israël et les États-Unis ont refusé cette offre. D'autres questions semblent avoir été en jeu, sans lien avec l'échange de prisonniers.

Le 16 mars, Gadi Eisenkot et d'autres membres de la Commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset (Parlement israélien) ont envoyé une lettre à Netanyahu et à son ministre de la Défense, Israel Katz. Ils  ont fait valoir que le cessez-le-feu a permis au Hamas et au Jihad islamique de se reconstituer. Le Hamas, ont-ils déclaré, compte désormais 25 000 combattants armés, tandis que le Jihad islamique en compte 5 000. Et, ont-ils dit, ces groupes ont profité du cessez-le-feu pour planifier une nouvelle attaque du type de celle du 7 octobre. Ces législateurs ont fait valoir que la politique de guerre de Netanyahu et le cessez-le-feu témoignent d'un "échec dans la réalisation des objectifs de guerre" et "nuisent aux intérêts de la Sécurité nationale".

Le 17 mars, le cabinet israélien a tenu une réunion d'urgence pour discuter des informations des services du renseignement selon lesquelles le Hamas préparerait une nouvelle attaque. Le lendemain, Katz s'est rendu au Forum Otef Israël, composé de résidents israéliens vivant à la frontière de Gaza, et leur  a dit que "le Hamas prépare constamment des invasions similaires à celle du 7 octobre". "Nous devons frapper et en finir une bonne fois pour toutes", a déclaré Katz lors du forum. De toute évidence, l'ensemble de la classe politique israélienne, du cabinet de Netanyahu à l'opposition, a réussi à faire naître la peur d'une nouvelle attaque du Hamas.

Le Hamas  a réagi immédiatement en déclarant que les allégations d'une attaque

"sont sans fondement et ne sont qu'un prétexte fallacieux pour justifier la reprise de l'agression". Le Hamas a déclaré avoir "respecté l'accord", et que "c'est Netanyahu, cherchant un moyen de sortir de ses crises internes, qui cherche à relancer la guerre".

Le bombardement israélien a commencé le 18 mars par le massacre de 400 civils palestiniens (dont 174 enfants).

Le 22 mars, les Israéliens  ont détruit le Turkish Friendship Hospital situé dans la rue al-Hurriya, dans le centre de Gaza. C'était l'unique véritable hôpital de cancérologie de Gaza, et il a permis de soigner 13 000 patients atteints de cancer toujours présents à Gaza. Lorsque les soldats israéliens sont entrés à Gaza, ils ont transformé l'hôpital en caserne militaire. Lors de son retrait le 19 janvier 2005, le personnel médical a tenté de récupérer l'hôpital pour les patients atteints de cancer. Aujourd'hui, il est totalement détruit.

Les options d'Israël

Le général de division Tamir Heyman dirige l'Institut d'études de sécurité nationale, un important think tank en Israël. Dans une longue  tribune libre largement diffusée, Heyman affirme que les Israéliens ont deux objectifs : sauver les prisonniers et détruire le Hamas. Pour ce faire, il propose trois scénarios.

  • Premièrement, les soldats israéliens entrent à Gaza, la placent sous contrôle militaire, cherchent et détruisent le Hamas et retrouvent les prisonniers.
  • Deuxièmement, Israël impose un blocus encore plus sévère à Gaza et affaiblit le Hamas (mais il pourrait ne pas récupérer ses prisonniers).
  • Troisièmement, un "modèle Hezbollah", selon lequel Israël reconnaît que le Hamas "ne peut pas être rayé de la carte", mais que le lien entre le Hamas et le peuple palestinien peut être compromis par la création d'une force politique alternative à Gaza.

Ces trois options ont un point commun : la souffrance des Palestiniens. C'est l'orientation qui prévaut partout dans le spectre politique israélien, à l'exception d'une petite frange de dissidents.

Savage Minds

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